Le chocolatier excentrique!
Charlie et la chocolaterie
de Tim Burton
Le film en détails
Genre : Comédie, Fantastique
Synopsis : Charlie est un enfant issu d'une famille pauvre.
Travaillant pour subvenir aux besoins des siens, il doit économiser chaque
penny, et ne peut s'offrir les friandises dont raffolent les enfants de son
âge. Pour obtenir son comptant de sucreries, il participe à un concours
organisé par l'inquiétant Willy Wonka, le propriétaire de la fabrique de
chocolat de la ville. Celui qui découvrira l'un des cinq tickets d'or que Wonka
a caché dans les barres de chocolat de sa fabrication gagnera une vie de
sucreries.
Durée : 1h56
Sortie cinéma française : 13 juillet 2005
Nationalité : Film américain
Tous publics
Avis
Adepte de la bizarrerie et du loufoque , le cinéaste à l'imagination débordante , Tim Burton, nous a déjà présenté le côté glauque de son esprit dans Beetlejuice, L' Etrange Noël de M. Jack ou bientôt dans Les Noces funèbres, sa vision sombre et très fidèle de la BD Batman ou son imaginaire fantasque et fantastique comme en témoignent les films Mars Attacks!, Sleepy Hollow ou Big Fish.
Après s'être essayé à la réalisation plus classique, moins personnelle
et visant un plus large public avec la décevante production La planète des singes et le très touchant Big Fish, Tim Burton revient avec une oeuvre totalement décalée et farfelue : Charlie et la chocolaterie. Ce film légèrement fou, adapté d'un roman et déjà porté à l'écran, nous propose dans le rôle principal un johnny Depp drôle et déjanté.
Tout d'abord, Charlie et la chocolaterie se dévoile comme une merveille visuelle qui nous transporte en plein milieu de décors sublimes, très colorés et d'une créativité épatante. Le spectateur est d'abord plongé dans une ambiance sordide et sombre où l'on fait la connaissance d'un jeune garçon pauvre nommé Charlie et de sa famille. Si les décors sont, à ce moment, très sombres et presque misérables pour insister sur la situation délicate de Charlie et de sa famille, on est pourtant déjà émerveillé par les magnifiques images d'une ville enneigée aussi loufoque qu'irréaliste. Les images sont donc splendides et nous montrent une ville sombre à la limite du crasseux et pourtant qui semble si paisible. L'aspect farfelu s'accroît pourtant lorsque l'on voit la maison de Charlie, qui sous peine de nous faire sourire par son architecture bancale et particulièremet tordue, un peu à la manière de la maison Jenny dans Big fish ou de la cabane hurlante dans Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, ne se révèle encore comme un moyen d'insister sur la misère dans laquelle la famille da Charlie se trouve, qui est justement dans l'incapacité de trouver un logement plus sûr ou d'y effectuer les travaux nécessaires. Dans cette maison, pourtant si misérable et effrayante, on s'y sent bien notamment grâce à une famille soudée et un amour très présent. Et puis, devant cette architecture difforme, le spectateur se sentira partagé entre le sentiment d'étrangeté et celui d'admiration face à la beauté de ces décors et de cette maison mystérieuse mais pourtant si attachante.
La photographie sombre et les décors sordides s'effacent lorsque le
spectateur pénètre dans la chocolaterie en même temps que les cinq
enfants accompagnés d'un parent. Ici, nous sommes dans un autre monde
et presque une autre dimension où magie et féerie sont les principaux
éléments. A ce titre, le spectateur est plongé dans un univers très
coloré, bien plus surréaliste que la maison de Charlie et on se retrouve quasiment dans un univers de dessin animé, d'ailleurs plus proche du Tex Avery que du Disney.
Les décors sont sublimes et nous émerveillent véritablement jusqu'à
nous envahir d'une joie immense qui ne vous quittera que lorsque le
générique de fin apparaîtra. Il règne, ici, une ambiance kitch qui
donne à ces décors roses bonbon une impression de voler en plein rêve.
La chocolaterie se montre donc comme un véritable lieu de rêve où les
décors extravagants et si beaux sont très riches et dont chaque élément
mérite qu'on s'y intéresse.
Après un premier passage au pays des rêves dans ce lieu excentrique, il
y a presque une rupture lorsque l'on observe le reste de cette usine à
chocolat. On passe d'une ambiance douce et acidulée comme un bonbon à
une ambiance High Tech moderne très bien imaginée qui nous surprend
toujours autant dans ses décors toujours aussi inventifs et sublimes.
La photographie est maintenant plus froide, comme la science nous
semble plus éloignée et moins rassurante q'un beau rêve, mais à côté de
cet aspect scientifique et moderne, la magie et la féerie sont toujours
bien présentes et on le ressent dans les décors toujours très
chaleureux.
D'un point de vue artistique, Charlie et la chocolaterie
se montre largement à la hauteur et nous surprend avec des images aussi
belles que magiques. Les décors sont de toute beauté et la photographie
douce et sucrée comme Willy Wonka nous laisse rêveur. N'ayons pas peur d'utiliser des termes culinaires ici. Charlie est la chocolaterie
est d'une beauté visuelle époustouflante et apparaît comme une gâterie
sucrée et acidulée pour nos yeux. C'est merveilleusement beau!
Ces décors aussi étranges et magnifiques ne sont là que pour
accompagner une histoire tout aussi étrange et magnifique. En effet, le
film se montre très prenant dès les premières minutes et l'on s'attache
rapidement au héros du film qui n'est autre que Charlie. Si l'histoire se montre rapidement captivante, c'est notamment grâce à son scénario plutôt original et brillamment rédigé. Charlie et la chocolaterie
se compose d'une touche de folie qui ne quitte jamais le film et d'un
humour savoureux qui tantôt semble bien bêta et puéril et tantôt nous
surprend par sa subtilité et nous fait sourire. Cet humour étrange et
cette histoire farfelue ne sont pas grand chose comparé aux personnages
relativement excentriques et extravagants que l'on peut voir dans le
film. Lorsque je parle de personnages excentriques, je pense bien
évidemment avant tout, à Willy Wonka, le propriétaire de cette chocolaterie vraiment loin d'être ordinaire. Ce Willy Wonka
est un personnage très extravagant, et c'est lui qui apporte cette
touche magique au film et qui maintient l'intérêt du début à la fin
notamment grâce à son humour hilarant ou son côté déjanté et
complètement fou.
Ce personnage irrésistible est incarné avec une folie particulièrement
bien interprétée et une sensibilité parfaite par le grand Johnny Depp que l'on ne présente plus et qui est en collaboration avec Tim Burton pour quatrième fois après avoir joué dans Edward aux mains d'argent, Ed Wood et Sleepy Hollow. On peut applaudir l'acteur qui est méconnaissable et qui s'est transformé en sosie Marilyn Manson
pour l'occasion, mais qui contrairement au chanteur ne nous effraye pas
mais nous interroge à cause de son étrangeté et nous attendrit avec sa
relation père/fils presque inexistante.
Dans la lignée des personnages imaginaires très drôles, farfelus et qui
apportent au film une note de féerie et d'humour, c'est bien évidemment
les hommes lilliputiens (wompa wompa je crois?) qui sont eux aussi
irrésistibles et semblent totalement givrés. Ils se mettent à chanter à
plusieurs reprises et nous font une petite parodie de la publicité Evian qui ne manque pas d'originalité. C'est vraiment très amusant.
Ces deux personnages sont les plus étranges. Mais, ils sont accompagnés
de cinq enfants et de leurs parents dont quelques uns se montrent assez
comiques. On retrouve une fille à papa so british, l'américain moyen
accroc au jeux vidéos, l'américaine tip top blonde, tip top arrogante,
l'allemand typique avec son bier bauch (gros ventre) et son accent
insupportable et finalement le garçon pauvre mais attachant.
Si les personnages sont propices à des situations hilarantes et
quelques gags, chaque personnage est un condensé de stéréotype et
accumule les clichés. Si il est drôle de voir ces enfants se tourner au
ridicule au début, ça devient rapidement lassant et l'on est bien déçu
de voir Tim Burton
se laisser aller dans la facilité des clichés. Bien évidemment, le
réalisateur utilise ces stéréotypes afin de pouvoir faire une satire de
la société et de la situation actuelle des jeunes. Il critique ainsi
les enfants pourris gâtés par les parents et ceux dont l'esprit est
lobotomisé par les jeux vidéo qui banalisent la violence et rendent
agressifs le comportement. Mais si ces intentions sont louables, les
clichés sur l'Allemand moyen par exemple n'en demeurent pas moins
insupportables, de mêmes que les autres innombrables clichés.
De plus, le film finit par agacer à cause de son côté moralisateur qui
empeste et qui transmet des valeurs bien américaines du genre, l'argent
ne fait pas le bonheur, les parents doivent mieux s'occuper de leurs
enfants et ne pas les gâter, il faut limiter voire éviter toute sorte
de jeux vidéo (...). Il est dommage de voir un tel film si beau
visuellement et si original scénaristiquement tomber dans les clichés
les plus ordinaires et la morale digne des films Disney.
Cependant, Charlie, personnage très stéréotypé également, se montre très attachant et c'est avec un immense plaisir que l'on suit les aventures de ce jeune garçon sensé dont la vie est loin d'être rose et qui pourtant va changer du jour au lendemain. Il visitera la chocolaterie en abusant de rien, grâce à l'éducation qu'il a reçu de parents pauvres mais presque parfaits (Oh tient, un cliché) posant les questions qui vont faire ressurgir de vieux souvenirs au chocolatier. Et alors que tous les autres enfants vont finir par se faire avoir par leurs propres envies et leurs péchés, Charlie va rester toujours aussi gentil. Si l'on reste dans la facilité, Charlie se montre très attachant et sensible durant tout le film, on ne reprochera donc pas son côté "pauvre mais angélique", mais au contraire on en admirera les qualités face à tous les autres enfants ingrats. Cet enfant se montre encore plus touchant et plus sympathique grâce l'interprétation tout en finesse et avec beaucoup de sensibilité de Freddie Highmore. Si la presse, les cinéastes et encore beaucoup d'autres considèrent Dakota Fanning (Trouble jeu, La guerre des mondes) comme la petite actrice prodige du moment, on pourrait également largement attribuer ce statut à l'acteur Freddie Highmore (Deux frères, Neverland) dont chaque prestation nous laisse sans voix. Il est quant à lui, le petit acteur prodige du moment.
Charlie et la chocolaterie est donc une oeuvre
visuelle remarquable. Mais, ce film s'accompagne de plus d'une musique
grandiose et magnifique qui amplifie cette impression de se trouver en
plein rêve. Cette réussite sonore et musicale est composée par Danny Elfman, compositeur habitué de Tim Burton, mais qui est aussi à l'origine des sublimes bandes originales de Spider-Man ou Family Man.
Dans une moindre mesure, le film comporte un peu d'émotion qui passe surtout par les liens familiaux comme ceux de Charlie et ses parents et grands-parents vivants tous ensemble et qui lui apportent beaucoup de soutient, mais aussi ceux de Willy Wonka qui entretient des relations difficiles avec son père, incarné par Christopher Lee (Le seigneur des anneaux, Les rivières pourpres 2). Le réalisateur nous avait déjà interpellé avec des relations père/fils plutôt mauvaises dans Big Fish. On peut bien évidemment faire le rapprochement entre ces relations tendues dans les films et dans la réalité où Tim Burton, lui même, ne s'entendait pas à la perfection avec son père auparavant.
En deux mots : Charlie et la chocolaterie est un film à l'univers propre à Tim burton
où se mêlent magie, féerie, mystères, curiosité et humour. Ce savoureux
cockail nous est offert avec, en prime, des décors somptueux et de
toute beauté qui donnent à ce film l'impression de rêver tant on est
ébloui par les images très colorées et par un esprit magique et
enchanteur.
Le film devient rapidement passionnant et nous envoûte d'autant plus
qu'il est accompagné d'un brin de folie tout à fait déjanté et hilarant
et d'une musique superbe qui nous émerveille toujours plus.
Le bonheur est à son comble lorsque l'on voit Johnny Depp très à l'aise dans ce rôle taillé sur mesure pour lui comme le livre Charlie et la chocolaterie est taillé sur mesure pour Tim Burton.
On peut regretter que le cinéaste ait choisi la simplicité quant au
caractère stéréotypé de ses personnages et qui s'enlise dans une morale
qui n'a rien à faire dans un film aussi loufoque que Burtonnesque.
Néanmoins, ce film reste une oeuvre réussie, lyrique, belle et très colorée qui nous donnent envie de... Chocolat!
Note film : 4/5